Le traitement fiscal des actifs numériques les différentes conséquences de la loi de finance 2022

La loi de finance 2022 a instauré une période transitoire fiscale concernant les opérations sur actifs numériques, les événements de l’écosystème crypto en ont décidé autrement.

Voté en 2021 applicable pleinement  en 2023, les décisions votées vont s'appliquer dans un environnement crypto boulversé.

L’année fiscale 2022 va se révéler décevantes en termes de recettes fiscales pour l’Etat et ne pas être à la hauteur de celles des années précédentes. En effet, en 2022, le marché de la crypto-monnaie a connu une crise due à l’effondrement de la deuxième plus grosse plateforme après Binance : FTX. Pour Sam Bankman-fried (PDG de FTX), le rêve a vite tourné au cauchemar lorsque son Ponzi Scheme a éclaté au grand jour. A l’instar de Bernard Madoff, Sam utilisait l’argent de ses clients pour combler les pertes de sa société d’investissement Alameda Research avec laquelle il investissait dans des placements risqués.

Bien que la ruée vers la crypto-monnaie a fortement diminué après le scandale, les lois de finance de 2022 ont prévu des réformes sur la fiscalité des gains issus des actifs numériques. Celle-ci a classifié les opérations sur actifs numériques de la même façon que les opérations de bourse.
 

La définition des actifs numériques par nature et critères respectifs

Les actifs numériques sont d’après l’article L.54-10-1 du code monétaire et financier définit comme des actifs comprenant :
  • Les jetons définis comme tout bien incorporel représentant, sous forme numérique, un ou plusieurs droits pouvant être émis, inscrits, conservés ou transférés au moyen d'un dispositif d'enregistrement électronique partagé permettant d'identifier, directement ou indirectement, le propriétaire dudit bien. A l’exception de ceux remplissant les caractéristiques mentionnées dans l’article L. 211-1 et des bons de caisse.

  • Toute représentation numérique d'une valeur qui n'est pas émise ou garantie par une banque centrale ou par une autorité publique, qui n'est pas nécessairement attachée à une monnaie ayant cours légal et qui ne possède pas le statut juridique d'une monnaie, mais qui est acceptée par des personnes physiques ou morales comme un moyen d'échange et qui peut être transférée, stockée ou échangée électroniquement.

Le Bitcoin, actif numérique ou monnaie :

Bien que cette définition ait l’air cadré, certaines notions sont encore dans le flou quant à leur cadre fiscal et juridique. Depuis que la Salvador a introduit, en septembre 2021, le bitcoin comme monnaie nationale au côté du dollar américain, des interrogations sont nées.

En effet, les monnaies étatiques ne sont pas visées dans la définition des actifs numériques dans l’article L.54-10-1 du code monétaire et financier, ce qui remet en cause l’appartenance du bitcoin à la catégorie d’actifs numériques.

NFT actif numérique ou œuvre artistique identifiable :

Un autre sujet se pose ; celui des non-fungible token (NFT) en français les jetons non fongibles.
Créé en 2014, un NFT est un jeton cryptographique stocké sur une blockchain, le fichier numérique en lui-même est fongible, mais le NFT est associé à une œuvre (une photographie, une peinture digitale, une vidéo, un film, un élément de jeu vidéo, etc) qui est, elle, non-fongible.

Quand on achète un NFT, on achète la propriété exclusive de l’œuvre originale comprise dans ce NFT, toutefois l’artiste conserve ses droits d’auteur et de production.

Les conséquences fiscales de la nature juridique du NFT :

 Deux possibilités sont alors possibles  pour qualifier fiscalement ce jeton  :

  • cCelle de le qualifié d’actifs numériques au même titre qu’une crypto-monnaie comme le prévoit l’article L.54-10-1 du CMF,

  • Ou de le qualifier d’œuvre d’art comme le prévoit l’article 150 VI du CGI. Dans le deuxième cas, Les NFT connaîtraient le même sort fiscal que tout autre objet d’art, matières précieuses ou bijoux lors de cession entrainants une plus-value (6.5 % d’impôt et de prélèvements sociaux sur le prix de cession et 36.2 % d’imposition au titre des plus-values + prélèvement sociaux).

La réalité de fait, plaide à une assimilation des NFT en tant qu’actif numérique

Étant donné que les échanges, ventes et achats de NFT se déroule principalement en crypto-monnaie, la plus-value porterait ainsi sur la cryptomonnaie en elle-même.
Aucune qualification n’a été ajoutée en droit, c’est pourquoi un certain nombre considère qu’un NFT devrait être qualifié de bien meuble comme ça l’était avant 2019, et donc être soumis à l’article 150 VI du CGI. Mais en réalité, la formulation de détention sur les plateformes et l’absence de consensus entraîne l’application de l’article L.54-10-1 du CMF pour les NFT.


La fiscalité sur opérations en actifs numériques : 

Il faut tout d’abord distinguer les professionnels des particuliers investisseurs en actif numérique. Auparavant, il était pris en compte exclusivement le caractère habituel, ou non, des opérations. Depuis le 1er janvier 2023, ce sont les conditions de réalisation qui déterminent la catégorie dans laquelle vous vous trouvez.

 

Le particulier investisseur en crypto actif

 

Le régime d’imposition des gains de cessions d’actifs numériques réalisé par les particuliers a été aménagé en l’alignant sur celles des opérations de bourse. Il en résulte que la personne qui achète et vend de façon occasionnelle des actifs numériques est considérer comme un particulier pour le compte de son patrimoine privé. Les critères de fréquences ou de montant des plus-values réalisées ne permettent plus de les distinguer des professionnels.

 

Les échanges taxables, la difficile qualification des échanges intercalaires

 

Les plus-values sur les cessions d’actifs numériques se déclenchent non pas lors de ventes ou échange de cryptomonnaie, mais bien lors d’une cession à titre onéreux d’actifs numériques contre autre chose que celles-ci. La créativité des plateformes de trading de cryptomonnaie va pousser les principes fiscaux dans leurs fondements ainsi l’utilisation de carte bancaire permettant de paiement en cryptomonnaie entraîne l’acte d’achat entrainant l’échange d’actif numérique en biens et services.
Cette opération de transformation d’un actif numérique en un bien ou un service marchand constitue le fait générateur de la taxation.
Pour les personnes physiques non professionnels, les échanges sans soulte ne sont pas imposés immédiatement, car ils sont considérés comme des transactions intercalaires et sont donc soumis au sursis d’imposition. C’est lorsque vous vendez ces actifs numériques contre de l’argent ou un bien ou un service que vous devrez payer l’impôt de la plus-value réalisée lors de cette vente.

Régime fiscal des particuliers investisseurs en actif numérique :

Si vous êtes qualifié de particulier, les plus-values portant sur vos actifs numériques seront imposées à hauteur de 12,8 % d’impôt et de 17,2 % de prélèvements sociaux (soit 30 % au total, mais il ne s’agit pas de la Flat Tax malgré un taux final identique).
A partir du 1er janvier 2023, les contribuables pourront sur option irrévocable, choisir l’option du barème progressif de l’impôt sur le revenu sur les gains réalisés durant l’année 2023 (déclarés en 2024). Cette option peut être intéressante si votre tranche marginale d’imposition (TMI) est en dessous de 12.8 % (cela concerne les tranches à 0 % ou à 11 %). L’option pour l’imposition à la TMI pour les actifs financiers reste indépendante de celle des revenus de capitaux mobiliers et de droits sociaux et porte sur l’ensemble du foyer fiscal. Avant 2023, aucune option pour la TMI n’était possible, vos gains étaient alors systématiquement imposés à 30 %, elle sera exerçable chque année lors du dépôt de la déclaration des revenus
Il faut savoir que les gains lors d’opérations sur les actifs numériques sont exonérés d’impôts de plus-values si ceux-ci sont inférieurs à 305 €. Si ce seuil est dépassé, l’investisseur devra payer de l’impôt sur la plus-value dès le 1er euro.



Précisions suite à mise à jour du Bofip du 28 juin 2023; l'administration détaille des critéres de taxation selon les BNC pour les profesionnelles :

L'activité d'échange de crypto actif peut être assimilée à celle d'un professionnel  si :  si ce dernier dispose et maitrise l'usage d'informations et de techniques d'intervention spécialisées.
La compétence et la fromation professsionnelle est établie par la réalisation de recherche organisée au profit d'opérations d'achat/revente d'actif numérique en grand nombre et sophistiquées non réalisable par un neophythe.

Les obligations déclaratives du particulier

 

Les redevables doivent reporter sur la déclaration annuelle de revenus le montant global des plus-values réalisées sur cession imposables et joindre en annexe le formulaire n° 2086 sur lequel doit figurer l’ensemble des opérations imposables.
Sans oublier l’obligation faites aux personnes physiques de déclarer les comptes ouverts à l’étranger, sous peine d’une amende de 750 € par compte non déclarés, ou 125 € par omissions ou inexactitude.

 

 

Le professionnel investisseur en actif numérique

 

Vous êtes assimilé professionnel si :

  • Vous bénéficiez de frais de transaction préférentiel en contrepartie d’un engagement à échanger un certain volume d’actif numérique par mois,
  • Vous avez recours à des outils professionnels ou des pratiques de trading complexes 

Les opérations d’échange d’actif numérique avec ou sans soulte

 

Tout comme le particulier la personne agissant d’une manière professionnelle est tenue à calculer la plus-value à chaque opération onéreuse, mais cette taxation inclus également les opérations d’échange. Ce qui revient à payer de l’impôt sur du stock et non pas sur des flux, car l’entreprise devra payer en euros alors qu’aucun flux en euros ne peut avoir découlé de cette opération.

 

Les opérations de prêt d’actif numérique

 

Les prêts d’actifs numériques ou lending crypto ont fait leur apparition, cette pratique a été qualifier de prêt de consommation par le tribunal de commerce de Nanterre le 26 février 2020.

Cela devrait logiquement déclencher la plus-value pour les actifs numériques au même titre que les prêts de consommation classiques.

 

Régime de taxation du professionnel

 

Si vous êtes qualifié de professionnel (et non plus habituel), les plus-values sur vos opérations d’actifs numériques seront, à partir du 1er janvier 2023, fiscalisées dans la catégorie des bénéfices non-commerciaux (BNC). Les gains réalisés en 2022 sont eux fiscalisés dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).
Les effets de la loi de finance seront palpables lors des déclarations d’impôts en 2024 pour les revenus générés en 2023 et non pas sur les déclarations d’impôts de 2023 qui portent sur les revenus de 2022, non soumis à la nouvelle loi de finance.


 

Calculs de plus-value et gestion des moins-values reportables

Le montant de la plus-value ou moins-value brute réalisée lors d’une cession d’actifs numériques est égale à :

Plus-value= prix de cession – (prix d’acquisition x prix de cession / valeur globale)

Il est essentiel d’évaluer, au moment de la cession, l’ensemble des actifs numériques détenus par l’ensemble des membres du foyer fiscal. Bien que beaucoup d’investisseurs utilisent différentes plateformes de trading, il faudra prendre en compte dans le calcul de la plus-value, l’ensemble des actifs numériques détenus sur l’ensemble des plateformes d’échanges.
Exemple : un investisseur achète 50 Ethereum pour 1000 € chacun. Il en a ensuite échangé 30 contre 1 Bitcoin. Quelques jours plus tard, il va vendre son Bitcoin pour 30 000 €, la plus-value se déclenche à ce moment-là. Il faut déterminer la valeur globale du portefeuille à la date de vente du Bitcoin soit le 5 avril.
Le 5 avril, 20 Ethereum valait 38 000 €. La valeur du portefeuille au 5 avril est donc égale à 30 000+38 000= 68 000 €
La plus-value imposable sera de : 30 000 – (50 000 x 30 000/ 68 000 )= 7941 €

Le particulier n’est donc imposé que sur la fraction de la plus-value totale du portefeuille sur une année. Cela peut avoir pour conséquence de taxer une opération sans plus-value réalisée sur un actif concerné. Si la valeur du portefeuille augmente en général, les moins-values réalisées par des actifs seront soumises à la plus-value et inversement pour les portefeuilles qui ont réalisé une moins-value générale et qui ne seront pas soumis à l’impôt de la plus-value bien qu’il y a des gains au sein du portefeuille. La complexité de ce traitement entraîne l’utilisation presque systématique de logiciels dédiés.

Concernant les moins-values, seulement celles issues d’une activité professionnelle sont reportables pendant 6 ans conformément à l’article 156 I 2 du CGI. Les particuliers peuvent, eux, seulement reporter leurs moins-values sur la même année.

En 2022, Il pouvait être intéressant pour les particuliers de se poser la question de basculer dans la catégorie des professionnels imposés au BIC ne serait pas plus intéressant. Pour ce qui est du régime des BNC qui a pris effet depuis cette année, le sujet du report des moins-values devrait être étudiés par l’administration fiscale.

À partir de 2023, les gains réalisés par les personnes physiques domiciliés en France lors de la vente d’actifs numériques sont imposables en France, en revanche, les dons d’actif numériques ne sont, pour le moment, pas soumis à l’impôt des plus-values.

 


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